Betton, 5 000 ans d’histoire

 9 - Présence religieuse
XV° au XVIII° siècle

L’activité spirituelle, très présente, rythme la vie de la communauté rurale. Les fêtes religieuses, nombreuses tout au long de l’année, sont généralement les seuls moments de repos de cette campagne laborieuse. De nombreuses chapelles associées aux habitats nobles affirment la dévotion du peuple de Betton. Disséminées dans la campagne, elles ne concurrencent pas l’espace paroissial organisé à proximité du prieuré.

Au départ l’église n’est qu’une simple chapelle entourée de son espace funéraire. Des documents iconographiques, retrouvés aux archives départementales, montrent qu’il s’agit d’un édifice construit en deux phases. La première est un simple bâtiment au porche d’entrée Est surmonté d’un petit clocher (ou petit campanile). La seconde phase déplace le pignon est de quelques mètres. Cette extension a pour conséquence de placer le clocheton au centre de la ligne de faîtage de la toiture. Puis arrive en appendice latéral la chapelle Beaumanoir. Si le dessin du modeste édifice religieux donne l’image d’une construction simple, éclairée de quelques baies de type roman et gothique, les seules ornementations paraissent se limiter à une série de vitraux de belle qualité. Ils sont des donations de la famille dominante : les de Saint Gilles. Ces vitraux quadrichromiques sont aujourd’hui exposés dans le musée du Moyen-Age de Cluny (Paris) et au musée de Bretagne à Rennes. Ils représentent le baiser de Judas, la flagellation, le Christ devant Pilate, le Calvaire, la Résurrection et l’agonie au jardin des oliviers la crucifixion et la résurrection. Trois d’entre eux figurent les Saints patrons de la famille de Saint Gilles. Sur six vitraux, les donateurs sont représentés à genoux et en prière.

Si nous ne connaissons rien du maître autel, de bonnes descriptions, accompagnées de croquis permettent d’apprécier les fonts baptismaux et un bénitier en granit finement ouvragé. Comme les vitraux, ces pièces ont été cédées au musée de Cluny en 1873.

A l’extérieur, et comme pour sanctifier l’espace funéraire, une très belle croix de granit dressait ses 3,40 mètres sur un piédestal granitique en tronc de pyramide.

 Signalée en 1543 dans l’aveu des de Saint Gilles, la croix monolithique à section octogonale porte, au-dessus de la croisée des bras, un cartouche dans lequel s’inscrivent les lettres INRI. Deux dates, 1833 et 1869 se trouvent gravées à la base du fût. Si la première reste une énigme, la seconde (1869) correspond à son déplacement dans le cimetière actuel.

Au détour des chemins sillonnant le territoire communal, on découvre la présence religieuse sous des formes très diverses. Près du château de la Vallée, un monolithe de section carrée et d’un mètre de hauteur environ se trouve planté dans le parc. 

Deux de ses faces sont ornées d’un bas-relief figuratif. Sur l’une, on peut voir l’effigie de Saint Nicolas revêtu de ses ornements pontificaux. Le saint domine le saloir occupé par les trois jeunes enfants. Sur l’autre face, un religieux semble se tenir debout dans une chaire à prêcher. Cette pierre appartenait à une croix signalée au XVI° siècle près du manoir de Galisson en Montgermont.

A la Hunelai, c’est par un cadran solaire qu’est perçue l’omniprésence du culte chrétien. Taillé en forme d’écu renversé dans une plaque de schiste calcaire, le riche décor se compose d’un ostensoir encadré de part et d’autre d’une étoile à cinq branches. Au centre, le bâtonnet témoin perce un cœur dans lequel on peut lire IHS. Les heures sont figurées par des lances dirigées vers le cœur et les demi-heures s’apparentent à des larmes. La date de 1766 est présente à deux emplacements, l’une en chiffres arabes, l’autre en chiffres romains. Deux noms séparent horizontalement le panneau de schiste (Jean Lenen et François Le Monnier). On connaît sur le territoire de Betton trois autres cadrans solaires en schiste datés du XVII° au XVIII° siècle.

Ailleurs, le respect des rites religieux permet de suivre l’évolution de la population par la consultation des registres paroissiaux. On apprend aussi au détour des pages, qu’un enfant de Jean Leroy, sieur de la Haye Regnaud, est baptisé en mars 1588 par le subcuré Symon. La mention du registre signale que « le quatorzième du dict moy du dict mars et an que devant fut baptisé un fils de Maitre Jean Leroy et femme sieur de la Haye Regnault nommé Claude parrain noble escuyer Claude Beauvais sieur de la Quinvraye, Maître Aulnette et autre et puissante damme Catherine Duboy glé dame de izyé, tesmoingns baptizé par moy subcuré. »

Symon 1588.

Qualifiés de sieurs, Jean Leroy et Claude Beauvais ont le titre d’écuyer. Non reconnus par leur titre dans la noblesse, ces personnages appartiennent à la catégorie sociale de propriétaires de domaines fonciers assez importants. Le titre de dame accordée à Catherine Duboy est à la fois un signe de déférence et de positionnement social. Ce document concerne la bourgeoisie de Betton. L’association des familles s’effectue dans une couche sociale homogène.

Mais la vie religieuse n’est pas sans heurts. Même dans les campagnes les plus reculées, les troubles de la Ligue se font sentir. Ils sèment la terreur et le désordre. Ainsi, par trois fois, en 1591, 1592 et 1597, des incursions de ligueurs mettent à sac le bourg et ses environs. En 1597, Thomas Champrond de la Basse Tertrais, trésorier du Conseil de Fabrique, est victime d’une visite des ligueurs. Fait prisonnier, dépouillé et battu, Thomas réussit à fausser compagnie à ses tortionnaires. Son témoignage écrit raconte les ravages, meurtres, viols pillages et autres violences. ’’ Car ils tuèrent prêtres, femmes, enfants et hommes de tous âges, les martyrisant et faisant mourir cruellement ’’.

   

Sur les chemins de la mémoire - Betton
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Dernière mise à jour : 19 mai 2003