Alors que la guerre de
succession entre Charles de Blois et Jean de Montfort pour le siège ducal,
occupe toute la noblesse de Bretagne en cette première moitié du XIII°
siècle, la châtellenie de Betton s’installe sous la dépendance de la
famille de Saint Gilles. La motte médiévale primitive est abandonnée.
Elle fait place à un manoir fortifié de talus et douves . On y trouve
associés tous les attributs d'une entité seigneuriale avec son moulin, son
vivier (toujours existants) et une quintaine où s’exerçait une petite
troupe armée. Un document d’époque nous apprend que la seigneurie de
Betton entretenait probablement une lance*, prête à rejoindre l’Ost*
lorsque le ban et l’arrière ban* étaient appelés.
Lorsqu’en 1381, le
traité de Guérande apporte une paix espérée à la région, Betton
retrouve le rythme ancestral de ses activités rurales. Le seigneur revenu
à ses droits et usages reçoit une partie de ses rentes du monde agricole.
Il retrouve ses droits de préséance à l’église ou au présidial où se
prennent les actes de justice. Les seigneurs de Betton ont droit de haute,
de moyenne et de basse justice. Les fourches des potences se trouvent
plantées dans la lande de la Mainvraye (Mévrais). Le Royaume de France est
bien mal en point. Mais, ici, dans ce coin du duché, qui se soucie de
suivre les péripéties d’une jeune lorraine du nom de Jeanne, qui
prétend redonner le royaume de France à Charles VII. Betton vit en marge
de l’événement. Le monde rural connaît-il Du Guesclin, Gilles de Retz,
Richemont ? Rien n’est assuré. Trop préoccupé par sa subsistance
quotidienne, le petit peuple semble bien à l’écart des préoccupations
du pouvoir. En différents lieux de la paroisse, on s’active. Ici, près
des Rignés on a construit un bas fourneau pour obtenir du fer. Les restes
des scories d’argile cuite et les empreintes circulaires découverts dans
la parcelle ne laissent aucun doute sur l’activité sidérurgique du lieu.
Ailleurs, les retenues d’eau se multiplient sur le moindre ruisseau :
la Basse Hardouyère, la Tertrais, la Louvrais, le Vau Reuzé... Ainsi se
multiplient les moulins. On va même jusqu’à forcer la Caleuvre à
remonter une faible pente pour alimenter le vivier du Landret. Sur un des
points les plus élevés de Betton, près du village de la Rivière, on voit
se dresser le moulin à vent de la Boulais.
Déjà, une hiérarchie sociale,
structurée selon la société du Moyen Age, se partage le territoire. Des
unités foncières comme la Menvraye, la Boulais, la Busnelais, Launay
Quebriac, etc..., marque le paysage.
Le secteur du Vau Reuzé commence à
développer une véritable activité piscicole et minotière sur le cours du
Quincampoix. Utilisant au mieux la topographie des lieux, les hommes ont
aménagé autour d’une motte à basse cour un système de retenue d’eau
comprenant deux bassins et un canal de dérivation. Des travaux de curage d’un
des plans d’eau ont mis à jour une série de pieux de chêne dont on peut
supposer qu’ils appartenaient aux soubassements d’un petit moulin
hydraulique, planté en bordure du canal d’évacuation.
Une série de
datations dendrochronologiques* permet de situer la coupe de ces bois durant
l’hiver 1412-1413. Seul un des neuf éléments chênes est daté de l’hiver
1403. Les bois coupés en période hivernale avaient entre 15 et 75 ans. Ces
observations permettent d’imaginer une gestion de l’espace forestier.
Par ailleurs, si on considère la date la plus ancienne, on peut supposer la
consolidation ou un nouvel aménagement de l’édifice existant.