Alors que la période
des invasions et des razzias n’est plus évoquée que comme un
mauvais souvenir, malgré les luttes d’influence entretenues par les
grands seigneurs de Bretagne, la région s’installe dans calme
relatif. Agglomérées autour d’un petit établissement monastique
dépendant de l’abbaye de Saint Melaine de Rennes, quelques maisons
s’approprient le rocher qui surplombe la rivière. Ces premières
constructions, au contact du prieuré, laissent présager de l’organisation
future du bourg. Se détournant résolument de la disposition
habituelle des bourgs castraux, la petite cité est ouverte et sans
fortification. Le cadastre et les matrices de 1818, ayant gardé la
mémoire de l’organisation parcellaire, montrent l’emplacement du
château, lieu de pouvoir politique et militaire, déconnecté de l’espace
de vie. On le situe aux abords de l’ancienne école communale (rue
du Vau Chalet). Les indications toponymiques révélées et les
vestiges permettent la localisation des douves, du vivier et du
pressoir.
A partir du XIII° siècle, Betton est reconnu comme une
châtellenie.
L’établissement
religieux n’est qu’un simple prieuré. Il apparaît mentionné
pour la première fois dans une charte de l’abbaye de Saint Melaine
datée de 1138 : Ecclesiam de monestarium Betonis.
Cette
entité spirituelle est à compter parmi les autres lieux de pouvoir
disséminés sur le territoire de Betton. Parfaitement intégré dans
la hiérarchie de la société du Moyen-Age, on voit émerger ces
autres pôles d’influence que sont le Vau Reuzé, la Motte, le fief
Morblé, ou la Busnelais...
Comme pour le reste de
la Bretagne où la terre est partagée entre les dominants politiques
et le pouvoir spirituel, l’abbaye de Saint Melaine et celle de Saint
Sulpice se partagent une partie du territoire. C’est généralement
sous l’impulsion du clergé que débutent les grands défrichements
vers le XI° siècle. Prenant le nom des allocataires défricheurs,
des unités foncières vont se dessiner dans le paysage. Avec, au XI°
siècle, des terminaisons en « ière » associées au
patronyme des familles impliquées, les zones traitées par les Corbin
ou Gaudier vont prendre les noms de la Corbinière ou de la Gaudière.
Au cours du siècle suivant, la mode du moment imposant les
terminaisons en « ais », les Robin, Chauvin, Renaud et
Busnel qualifieront leur espace des noms de Robinais, la Chauvinais,
La Renaudais et la Busnelais. Au XIII° siècle, pour marquer la
différence, les défrichements des Picon et des Bigot deviendront la
Piconnerie et la Bigoterie.
C’est à ce moment,
au XIII° siècle, qu'un certain Rodolfum (Rodolphe) Ribaud vient s’installer
dans les limites sud de la Haye Renaud. On découvre son nom dans un
document daté de 1222. Entreprenant de mettre en valeur cette zone
humide, Ribaud marquera la terre de son patronyme. Elle devient la
Ribaudière. Ce nom de lieu-dit, utilisé encore au XIX° siècle sur
les pièces administratives et cadastrales, se transforme ensuite par
l’entreprise d’un agent municipal en Rimbauderie : nom
utilisé aujourd’hui sous divers orthographes. Accompagnant l’étude
étymologique des noms de lieux, la lecture du cadastre napoléonien
apporte de précieuses informations sur l’évolution du territoire
de la paroisse.
A cette période, si
les chemins de traverse ne sont praticables que durant la saison
sèche, Betton bénéficie de trois importants axes routiers. L’ancienne
voie gallo-romaine Rennes\ Avranches est toujours très fréquentée
(route de Saint Sulpice). La route de Rennes à Antrain dit le Grand
Chemin et la voie de Saint Grégoire à Chevaigné baptisée la route
des poissonniers ou route de la Chèvre traversent la paroisse du nord
au sud. A partir de ces trois axes privilégiés, un maillage de
chemins dessert des hameaux disséminés dans la campagne. La rivière
d’Ille est également mise à contribution pour le déplacement des
marchandises et des matériaux.
Durant ce Moyen-Age,
les épidémies, les lèpres et autres maladies souvent considérées
comme un châtiment venu du ciel, déciment les campagnes. Sous l’impulsion
du clergé, on verra des léproseries s’installer à l’écart des
agglomérations. Aux XII° et XIII° siècles, le Royaume de France en
comptera 2000. Celle de Betton avait été placée au bord du grand
chemin sur la parcelle n°834 du cadastre napoléonien. Cette
léproserie évoluera ensuite en maladrerie pour tomber en
désuétude. Reconnue jusqu’au début du XIX° siècle elle ne
résistera pas au passage du chemin de fer. Cet emplacement est
aujourd’hui occupé par la gare SNCF