Betton, 5 000 ans d’histoire

7 - La vie au Moyen Age
XII° - XIV° siècle

Alors que la période des invasions et des razzias n’est plus évoquée que comme un mauvais souvenir, malgré les luttes d’influence entretenues par les grands seigneurs de Bretagne, la région s’installe dans calme relatif. Agglomérées autour d’un petit établissement monastique dépendant de l’abbaye de Saint Melaine de Rennes, quelques maisons s’approprient le rocher qui surplombe la rivière. Ces premières constructions, au contact du prieuré, laissent présager de l’organisation future du bourg. Se détournant résolument de la disposition habituelle des bourgs castraux, la petite cité est ouverte et sans fortification. Le cadastre et les matrices de 1818, ayant gardé la mémoire de l’organisation parcellaire, montrent l’emplacement du château, lieu de pouvoir politique et militaire, déconnecté de l’espace de vie. On le situe aux abords de l’ancienne école communale (rue du Vau Chalet). Les indications toponymiques révélées et les vestiges permettent la localisation des douves, du vivier et du pressoir. 

A partir du XIII° siècle, Betton est reconnu comme une châtellenie.

L’établissement religieux n’est qu’un simple prieuré. Il apparaît mentionné pour la première fois dans une charte de l’abbaye de Saint Melaine datée de 1138 : Ecclesiam de monestarium Betonis

Cette entité spirituelle est à compter parmi les autres lieux de pouvoir disséminés sur le territoire de Betton. Parfaitement intégré dans la hiérarchie de la société du Moyen-Age, on voit émerger ces autres pôles d’influence que sont le Vau Reuzé, la Motte, le fief Morblé, ou la Busnelais...

Comme pour le reste de la Bretagne où la terre est partagée entre les dominants politiques et le pouvoir spirituel, l’abbaye de Saint Melaine et celle de Saint Sulpice se partagent une partie du territoire. C’est généralement sous l’impulsion du clergé que débutent les grands défrichements vers le XI° siècle. Prenant le nom des allocataires défricheurs, des unités foncières vont se dessiner dans le paysage. Avec, au XI° siècle, des terminaisons en « ière » associées au patronyme des familles impliquées, les zones traitées par les Corbin ou Gaudier vont prendre les noms de la Corbinière ou de la Gaudière. Au cours du siècle suivant, la mode du moment imposant les terminaisons en « ais », les Robin, Chauvin, Renaud et Busnel qualifieront leur espace des noms de Robinais, la Chauvinais, La Renaudais et la Busnelais. Au XIII° siècle, pour marquer la différence, les défrichements des Picon et des Bigot deviendront la Piconnerie et la Bigoterie.

C’est à ce moment, au XIII° siècle, qu'un certain Rodolfum (Rodolphe) Ribaud vient s’installer dans les limites sud de la Haye Renaud. On découvre son nom dans un document daté de 1222. Entreprenant de mettre en valeur cette zone humide, Ribaud marquera la terre de son patronyme. Elle devient la Ribaudière. Ce nom de lieu-dit, utilisé encore au XIX° siècle sur les pièces administratives et cadastrales, se transforme ensuite par l’entreprise d’un agent municipal en Rimbauderie : nom utilisé aujourd’hui sous divers orthographes. Accompagnant l’étude étymologique des noms de lieux, la lecture du cadastre napoléonien apporte de précieuses informations sur l’évolution du territoire de la paroisse.

A cette période, si les chemins de traverse ne sont praticables que durant la saison sèche, Betton bénéficie de trois importants axes routiers. L’ancienne voie gallo-romaine Rennes\ Avranches est toujours très fréquentée (route de Saint Sulpice). La route de Rennes à Antrain dit le Grand Chemin et la voie de Saint Grégoire à Chevaigné baptisée la route des poissonniers ou route de la Chèvre traversent la paroisse du nord au sud. A partir de ces trois axes privilégiés, un maillage de chemins dessert des hameaux disséminés dans la campagne. La rivière d’Ille est également mise à contribution pour le déplacement des marchandises et des matériaux.

Durant ce Moyen-Age, les épidémies, les lèpres et autres maladies souvent considérées comme un châtiment venu du ciel, déciment les campagnes. Sous l’impulsion du clergé, on verra des léproseries s’installer à l’écart des agglomérations. Aux XII° et XIII° siècles, le Royaume de France en comptera 2000. Celle de Betton avait été placée au bord du grand chemin sur la parcelle n°834 du cadastre napoléonien. Cette léproserie évoluera ensuite en maladrerie pour tomber en désuétude. Reconnue jusqu’au début du XIX° siècle elle ne résistera pas au passage du chemin de fer. Cet emplacement est aujourd’hui occupé par la gare SNCF

   

Sur les chemins de la mémoire - Betton
http://cheminsdelamemoire.free.fr 

Dernière mise à jour : 19 mai 2003