Betton, 5 000 ans d’histoire

6 - La période médiévale
(premières mottes et châteaux de bois) X° - XI° siècle

La Motte d’Ille, la Motte, le Vau Reuzé, la Motte de la Quintaine, la Mévrais, si par leurs dénominatifs, certains de ces lieux ne laissent que peu de doute sur leur origine, pour les secteurs de Vau Reuzé et de la Mévrais, seule une visite sur place permet d’identifier la présence d’un habitat fortifié du début du second millénaire.


Motte médiévale de la Mévrais

Invasions diverses et menaces vikings ont rendu présente une peur accentuée par l’instabilité politique ambiante. Pour se protéger, des communautés de quelques familles vont se regrouper sous la tutelle de petits seigneurs. Sous prétexte de garantir les personnes et leurs biens, ces leaders vont asseoir leur domination sur de larges territoires et s’assurer, par les rentes et impôts prélevés, une aisance les élevant dans la hiérarchie sociale.

Connus sous le nom de mottes médiévales, ces retranchements fortifiés, placés sur un point culminant, sont constitués d’une importante levée de terre (la motte) supportant une tour carrée construite en bois. Au pied de ce donjon s’étale la zone d’habitat qualifiée de basse-cour. Accompagnant les trois ou quatre maisons qui abritent la communauté, on trouve les communs que sont la forge, les granges, le four à pain, le grenier, le poulailler et l’écurie. Un puits assure la réserve d’eau potable.

Cet espace est protégé par un épais talus surmonté d’une palissade constituée de pieux de bois. Une importante mare, résultant de l’extraction du matériau nécessaire à l’aménagement de la motte, sert de vivier et de réserve d’eau. Le large fossé qui enserre l’ensemble participe à la défense du site.

Aux abords immédiats, venant s’appuyer sur le fossé de ceinture, s’organisent prairies naturelles et champs cultivés. Ils sont limités de haies vives entretenues sur des clôtures de bois. Plus tard, ces limites parcellaires prendront le nom de plesses*.

Dans la basse-cour, deux types de maisons se côtoient. La grande construction rectangulaire aux pignons droits est généralement édifiée en pierre. Sa couverture posée sur une charpente à deux pans est constituée de chaume, parfois de fagots de genêts. Une faîtière d’argile assure la liaison des deux pans.

Plus petites, les maisons à absides possèdent une importante toiture posée sur un muret de pierre ou de torchis ne dépassant guère les 80 centimètres de hauteur.

L’aménagement intérieur de ces habitations est à peu près semblable. On y voit un espace réservé aux animaux (vaches, moutons, cochons, ânes). La séparation partielle est matérialisée par un muret surmonté d’une cloison de bois, quand il ne s’agit pas d’une simple barrière. Pour des soucis d’hygiène, le sol y est légèrement plus bas que celui réservé aux humains.

La partie habitable s’organise autour d’un foyer central posé à même le sol. La fumée de l’âtre qui stagne sous la couverture, participe à sa préservation en écartant les charpentes et le chaume de la présence de la vermine. Autour du foyer, un bas flanc de bois permet le repos. Dans la journée, il peut servir de siège. Parfois, une planche posée sur quatre pieds fait fonction de table et de desserte. Selon la richesse de la famille, un ou deux coffres contiennent les objets personnels. Des grandes jarres gardent la salaison . Les ustensiles de cuisine se résument bien souvent à un grand chaudron, quelques bols, des couteaux et cuillères en bois. Les outils sont rangés dans un coin de la pièce. En hiver, le chauffage est assuré par la présence des animaux. Le foyer central est accaparé par la préparation de la soupe quotidienne (soupe de pois, de châtaignes, de farine d’avoine et, à quelques rares occasions, soupe aux lards). La vie, qui se passe beaucoup à l’extérieur, est rude. Si des vagabonds, rôdeurs ou routiers apparaissent dans les parages, tous se barricadent derrière les palissades défensives de la basse-cour où chacun s’apprête à tenir le siège. Les querelles entre de petits seigneurs voisins qui interviennent parfois sont toujours à craindre.

   

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Dernière mise à jour : 19 mai 2003