La Motte d’Ille, la Motte, le
Vau Reuzé, la Motte de la Quintaine, la Mévrais, si par leurs dénominatifs,
certains de ces lieux ne laissent que peu de doute sur leur origine, pour les
secteurs de Vau Reuzé et de la Mévrais, seule une visite sur place permet d’identifier
la présence d’un habitat fortifié du début du second millénaire.
Invasions diverses et menaces
vikings ont rendu présente une peur accentuée par l’instabilité politique
ambiante. Pour se protéger, des communautés de quelques familles vont se
regrouper sous la tutelle de petits seigneurs. Sous prétexte de garantir les
personnes et leurs biens, ces leaders vont asseoir leur domination sur de
larges territoires et s’assurer, par les rentes et impôts prélevés, une
aisance les élevant dans la hiérarchie sociale.
Connus sous le nom de mottes
médiévales, ces retranchements fortifiés, placés sur un point culminant,
sont constitués d’une importante levée de terre (la motte) supportant une
tour carrée construite en bois. Au pied de ce donjon s’étale la zone d’habitat
qualifiée de basse-cour. Accompagnant les trois ou quatre maisons qui
abritent la communauté, on trouve les communs que sont la forge, les granges,
le four à pain, le grenier, le poulailler et l’écurie. Un puits assure la
réserve d’eau potable.
Cet espace est protégé par un
épais talus surmonté d’une palissade constituée de pieux de bois. Une
importante mare, résultant de l’extraction du matériau nécessaire à l’aménagement
de la motte, sert de vivier et de réserve d’eau. Le large fossé qui
enserre l’ensemble participe à la défense du site.
Aux abords immédiats, venant s’appuyer
sur le fossé de ceinture, s’organisent prairies naturelles et champs
cultivés. Ils sont limités de haies vives entretenues sur des clôtures de
bois. Plus tard, ces limites parcellaires prendront le nom de plesses*.
Dans la basse-cour, deux types
de maisons se côtoient. La grande construction rectangulaire aux pignons
droits est généralement édifiée en pierre. Sa couverture posée sur une
charpente à deux pans est constituée de chaume, parfois de fagots de
genêts. Une faîtière d’argile assure la liaison des deux pans.
Plus petites, les maisons à
absides possèdent une importante toiture posée sur un muret de pierre ou de
torchis ne dépassant guère les 80 centimètres de hauteur.
L’aménagement intérieur de
ces habitations est à peu près semblable. On y voit un espace réservé aux
animaux (vaches, moutons, cochons, ânes). La séparation partielle est
matérialisée par un muret surmonté d’une cloison de bois, quand il ne s’agit
pas d’une simple barrière. Pour des soucis d’hygiène, le sol y est
légèrement plus bas que celui réservé aux humains.
La partie habitable s’organise autour d’un
foyer central posé à même le sol. La fumée de l’âtre qui stagne sous la
couverture, participe à sa préservation en écartant les charpentes et le
chaume de la présence de la vermine. Autour du foyer, un bas flanc de bois
permet le repos. Dans la journée, il peut servir de siège. Parfois, une
planche posée sur quatre pieds fait fonction de table et de desserte. Selon
la richesse de la famille, un ou deux coffres contiennent les objets
personnels. Des grandes jarres gardent la salaison . Les ustensiles de
cuisine se résument bien souvent à un grand chaudron, quelques bols, des
couteaux et cuillères en bois. Les outils sont rangés dans un coin de la
pièce. En hiver, le chauffage est assuré par la présence des animaux. Le
foyer central est accaparé par la préparation de la soupe quotidienne (soupe
de pois, de châtaignes, de farine d’avoine et, à quelques rares occasions,
soupe aux lards). La vie, qui se passe beaucoup à l’extérieur, est rude.
Si des vagabonds, rôdeurs ou routiers apparaissent dans les parages, tous se
barricadent derrière les palissades défensives de la basse-cour où chacun s’apprête
à tenir le siège. Les querelles entre de petits seigneurs voisins qui
interviennent parfois sont toujours à craindre.