5 - La période franque
(Mérovingiens/carolingiens) VI°s. - X° siècle
Lorsque l’empire romain se
trouve déstabilisé par les bagaudes et quelques autres soubresauts de l’histoire,
son éclatement laisse l’Armorique ouverte à toutes les convoitises. Dès
le début du V° siècle, débarquant de Grande-Bretagne, les Bretons s’installent
sur la péninsule. Accompagnant un clergé aux origines celtiques, des
communautés s’organisent en cultivant et occupant les terres disponibles.
Simultanément, le Royaume Franc étend son territoire vers l’ouest. Les
luttes de pouvoir attirent, à partir de la fin du VI siècle, des
communautés saxonnes impliquées comme mercenaires dans les conflits.
Traversant la partie Est de la petite Bretagne, certaines s’y installent.
Au moment où s’organise la
zone tampon, qui plus tard se verra nommée la marche de Bretagne,
Rennes et ses environs sont encore sous domination franque. De nombreuses
fermes fortifiées s’installent sur le territoire. Betton, ne restant pas à
l’écart de ce « partage rural », voit quelques
établissements surgir du sol ou occuper d’anciennes fermes indigènes. Des
documents anciens nous informent qu’un certain Regnaud aménage son domaine
sur les contreforts est de l’Ille. Délimitant son habitat par une haie
défensive probablement complétée par un système de talus et de fossés, il
crée ainsi la première cellule qui deviendra la Haye Renaud. Cette pratique,
qui consiste à associer le nom du propriétaire à celui du domaine, est
assez fréquente à cette période .
Par la suite, la Haye Regnaud,
étendant son emprise foncière, deviendra probablement une des maisons fortes
repérées sur le territoire communal. Parmi les autres fermes indigènes
similaires entourées de haies défensives, on peut citer la Haye de terre, la
Grande Haye, la Boulais, (on pourrait lire Boule Haye signifiant dans le
langage ancien : haie circulaire). Dans un monde rural assez bien
structuré, l’habitat tend vers le regroupement autour de constructions en
pierre torchis et chaume. Malgré de fortes luttes, une relative stabilité va
permettre aux campagnes d’étendre et développer l’activité agricole.
Avec le IX° siècle, une
nouvelle période d’insécurité engendrée par les invasions nordiques
naît en Bretagne. A cela s’ajoutent les conflits qui opposent Bretons et
Francs. Les razzias et les combats qui se développent dans des secteurs peu
éloignés (Dol de Bretagne, Saint-Brieuc, le Grand Fougerais) provoquent la
fuite des populations. Le clergé et une bonne partie de la noblesse quittent
la Bretagne laissant le petit peuple face à des troupes mal contenues. Betton
n’échappe pas à ce climat de violence. Alors on s’organise, on se
barricade, on se protège de remparts. Contre une soumission des hommes libres
paysans, quelques petits seigneurs restés sur place vont se faire construire
des habitats fortifiés capables de soutenir des sièges en échange d’une
protection.
C’est au cours de ce X°
siècle que commencent à s’ériger les premières mottes médiévales avec
basse-cour.