Betton, 5 000 ans d’histoire

 12 - La mutation rurale
XX° siècle

Le début du siècle voit, par la mécanisation, les conditions de travail et de vie du monde agricole s’améliorer de façon sensible. Les premières batteuses, venues d’Amérique, imposent un nouveau rythme à la période des moissons. Le travail, devenu moins pénible, invite à des moments de convivialités favorables à la cohésion populaire.


Four à pain

La campagne ne s’inquiète pas trop des bruits de bottes qui martèlent l’Europe centrale. L’assassinat de Jean Jaures et l’attentat contre François Ferdinand à Sarajevo ne semblent pas inquiéter le monde rural. Seuls, les politiques et les militaires prennent réellement la mesure de ces événements.

Pourtant, lorsque le 1 er août 1914, vers 17h30, les bettonnais entendent les cloches sonner le tocsin, c’est une certaine incrédulité qui prévaut. Après l’appel du garde champêtre, la nouvelle de la déclaration de guerre se répand comme une traînée de poudre. Des hameaux les plus éloignés, on se précipite vers le bourg pour voir l’ordre de mobilisation placardé place du vieux marché sur une des maisons en face de l’église. La ponction dans la population est d’une ampleur telle que chaque famille se trouve touchée. Deux cent quarante trois hommes sont dépéchés vers les zones de combats. Très vite, l’annonce des premières nouvelles de mort vont précipiter les familles dans une pénible réalité.

Henri Buis n’a que 18 ans lorsque le 25 août 1914, il trouve la mort à Merville dans la Meuse. C’est près de 100 bettonnais qui ne reviendront pas des champs de batailles.

Venant également modifier l’équilibre social de la commune, de nombreux réfugiés, arrivés du nord et de l’est s’installent sur le territoire de Betton. Toute la population se mobilise pour accueillir ces déracinés.

Lorsqu’en novembre 1918, la guerre prend fin, traumatisée par cette dramatique épopée, la commune offre une image sensiblement modifiée. L’absence des hommes, morts pour la France, impose certaines femmes dans l’espace rural. Comme beaucoup de communes, rendues exsangues par le conflit, Betton se trouve confronté à des difficultés socio-économiques. Les mouvements d’ouvriers et d’employés agricoles accélèrent le brassage des populations. Betton sort progressivement de son isolement.

La vingtaine d’années de répit entre les deux guerres suffit à peine pour que la commune retrouve un semblant d’équilibre.

Lorsqu’en 1939, le second conflit éclate, soumis à l’effort de guerre sans être sur le champ des opérations, Betton retrouve son autarcie ancestrale. Seule une économie de subsistance ,axée sur l’approvisionnement de la ville de Rennes, maintient un lien avec l’extérieur. Une fois encore, les hommes sont partis. Malgré cela, la période d’occupation n’aura qu’un impact limité sur ce secteur encore très rural. Attentive à l’évolution des événements, la population participe aux réjouissances de la libération.

Restée jusque dans les années 1960 en marge de l’évolution démographique, la commune va, à partir de ce moment, s’ouvrir à une expansion, dépendante du dynamisme économique de la capitale bretonne. Pour répondre à un besoin d’urbanisme, les premiers lotissements sortent de terre. Puis, suivant une courbe exponentielle, la concentration pavillonnaire propulse la commune au delà des 8000 habitants. Accompagnant un artisanat actif, de petites industries s’implantent sur le territoire. S’écartant des travers soufferts par les cités dortoirs, Betton, chef lieu de canton, accède au rang de ville active.

Ce regard sur le passé permet de comprendre les cheminements qui ont modelé ce territoire auquel notre attachement s’accroît au fil de son histoire. Il est aussi l’opportunité d’ouvrir aujourd’hui les portes vers demain tout en préservant les traces laissées par les hommes..

   

Sur les chemins de la mémoire - Betton
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Dernière mise à jour : 19 mai 2003