Le début du siècle voit,
par la mécanisation, les conditions de travail et de vie du monde agricole
s’améliorer de façon sensible. Les premières batteuses, venues d’Amérique,
imposent un nouveau rythme à la période des moissons. Le travail, devenu
moins pénible, invite à des moments de convivialités favorables à la
cohésion populaire.
La campagne ne s’inquiète
pas trop des bruits de bottes qui martèlent l’Europe centrale. L’assassinat
de Jean Jaures et l’attentat contre François Ferdinand à Sarajevo ne
semblent pas inquiéter le monde rural. Seuls, les politiques et les
militaires prennent réellement la mesure de ces événements.
Pourtant, lorsque le 1 er
août 1914, vers 17h30, les bettonnais entendent les cloches sonner le
tocsin, c’est une certaine incrédulité qui prévaut. Après l’appel du
garde champêtre, la nouvelle de la déclaration de guerre se répand comme
une traînée de poudre. Des hameaux les plus éloignés, on se précipite
vers le bourg pour voir l’ordre de mobilisation placardé place du vieux
marché sur une des maisons en face de l’église. La ponction dans la
population est d’une ampleur telle que chaque famille se trouve touchée.
Deux cent quarante trois hommes sont dépéchés vers les zones de combats.
Très vite, l’annonce des premières nouvelles de mort vont précipiter
les familles dans une pénible réalité.
Henri Buis n’a que 18
ans lorsque le 25 août 1914, il trouve la mort à Merville dans la Meuse. C’est
près de 100 bettonnais qui ne reviendront pas des champs de batailles.
Venant également modifier
l’équilibre social de la commune, de nombreux réfugiés, arrivés du
nord et de l’est s’installent sur le territoire de Betton. Toute la
population se mobilise pour accueillir ces déracinés.
Lorsqu’en novembre 1918,
la guerre prend fin, traumatisée par cette dramatique épopée, la commune
offre une image sensiblement modifiée. L’absence des hommes, morts pour
la France, impose certaines femmes dans l’espace rural. Comme beaucoup de
communes, rendues exsangues par le conflit, Betton se trouve confronté à
des difficultés socio-économiques. Les mouvements d’ouvriers et d’employés
agricoles accélèrent le brassage des populations. Betton sort
progressivement de son isolement.
La vingtaine d’années
de répit entre les deux guerres suffit à peine pour que la commune
retrouve un semblant d’équilibre.
Lorsqu’en 1939, le
second conflit éclate, soumis à l’effort de guerre sans être sur le
champ des opérations, Betton retrouve son autarcie ancestrale. Seule une
économie de subsistance ,axée sur l’approvisionnement de la ville de
Rennes, maintient un lien avec l’extérieur. Une fois encore, les hommes
sont partis. Malgré cela, la période d’occupation n’aura qu’un
impact limité sur ce secteur encore très rural. Attentive à l’évolution
des événements, la population participe aux réjouissances de la
libération.
Restée jusque dans les
années 1960 en marge de l’évolution démographique, la commune va, à
partir de ce moment, s’ouvrir à une expansion, dépendante du dynamisme
économique de la capitale bretonne. Pour répondre à un besoin d’urbanisme,
les premiers lotissements sortent de terre. Puis, suivant une courbe
exponentielle, la concentration pavillonnaire propulse la commune au delà
des 8000 habitants. Accompagnant un artisanat actif, de petites industries s’implantent
sur le territoire. S’écartant des travers soufferts par les cités
dortoirs, Betton, chef lieu de canton, accède au rang de ville active.
Ce regard sur le passé
permet de comprendre les cheminements qui ont modelé ce territoire auquel
notre attachement s’accroît au fil de son histoire. Il est aussi l’opportunité
d’ouvrir aujourd’hui les portes vers demain tout en préservant les
traces laissées par les hommes..