1 - Le Néolithique
- 5000 à - 2000
ans avant notre ère
Cette période qui se matérialise sur
la péninsule armoricaine par une forte présence mégalithique paraît à
première vue avoir ignoré le territoire communal. Betton n’aurait jamais
connu de menhir, de dolmen ni d’allée couverte comme on peut en voir à
Carnac ou sur de nombreux autres lieux de Bretagne ?
La réponse n’est pas aussi simple.
Car accréditer cette hypothèse équivaudrait d’une part à ignorer la
possibilité de constructions de bois reconnues par ailleurs, et d’autre
part à reconnaître une absence de peuplement durant cette période. Or la
découverte de quatre haches en pierre polie et d’outils en silex
accompagnés d’éclats de débitage tend à prouver une occupation des
lieux. Par ailleurs, le sous-sol Briovérien peu propice au débitage de la
roche en gros éléments peut avoir orienté les hommes du Néolithique vers
des constructions mégaxyles*. On ne doit cependant pas ignorer que des
appellations qualifiant certaines parcelles de la commune comme le Champ de la
Pierre ou Pierru ne doivent pas leur nom au hasard. Celles-ci semblent avoir
été caractérisées par la présence de blocs significatifs. Sans doute s’agit-il
d’une masse de quartzite pour l’un et de blocs de schiste rouge pour l’autre.
En vieux français, Pierru signifie pierre rouge.
L’observation de certaines photos
aériennes montre des structures fossoyées dans le secteur du Pont Brand. Si
leur détermination doit rester prudente, la présence de plusieurs grattoirs
en silex ne s’oppose pas à l’existence d’un habitat de cette période.
Les autres découvertes de matériel lithique à la Grande Mare et à
Pluvignon ne trouvent aucune association avec des structures quelconques.
De toute évidence, entre - 5 000 ans à
- 2 000 ans avant notre ère, les néolithiques ont fréquenté le territoire.
La présence de quatre haches polies, l’une en silex et les autres taillées
dans la métadolérite*, trouvées à la Fontaine Guillaume, au Macherais et
aux abords du bourg, ne peut être attribuée au simple hasard. Il faut savoir
que ces outils communs en roches importées révèlent déjà une certaine
activité ’’commerciale’’. La métadolérite* originaire du centre des
Côtes d’Armor (Plussulien) a été bien identifiée par une série de
fouilles archéologiques mettant en évidence des ateliers d’extraction et
de taille.
Lorsque la pierre est emmanchée son
tranchant dans l’axe du manche, selon sa taille, la hache sera un outil d’abattage
ou de coupe. Si le tranchant se trouve placé perpendiculairement au manche,
on est en présence d’une herminette. Ce type d’outil peut aussi bien
travailler la terre que le bois. On l’utilisait par exemple pour creuser des
pirogues monoxyles*.
Les grattoirs en silex gardent le
mystère de leur provenance. Ils peuvent avoir été récupérés sur le
littoral ou bien venir des plaines calcaires qui entourent le Massif
Armoricain. Utilisés seuls ou fixés sur les armatures de bois, ces pièces
pouvaient servir au nettoyage des peaux et à leurs découpes. Lorsque la
taille du silex se fixe sur la préparation d’une pointe de flèche ,
celle-ci est montée sur une hampe de bois. Les néolithiques utilisent l’arc
pour chasser.
Vivant le plus souvent dans un habitat
communautaire entouré de palissades et fossés, les hommes du Néolithique s’adonnent
à une agriculture débutante et pratiquent l’élevage. On connaît dans le
département plusieurs exemples de grandes maisons collectives. Bien souvent,
ils organisent leur territoire selon la topographie, le réseau hydrographique
et les disponibilités géologiques. Sur les points culminants se retrouvent
généralement les lieux de mémoire comme le sont les regroupements de
menhirs. Dans leur environnement, les monuments funéraires (allées couvertes
et dolmens) dressent leur structure de pierre. Les lieux de vie, jamais trop
éloignés de point d’eau cherchent des emplacements bien exposés et à l’abri
des vents. Ayant, grâce à un outillage lithique* performant, beaucoup
emprunté à la forêt, les néolithiques sont les premiers hommes à
structurer leur paysage.
Loin d’être un sauvage, l’homme du Néolithique
appartient à une communauté hiérarchisée. Il est capable de grandes
réalisations (Carnac, Barnenez, etc...) qui impliquent une organisation
sociale ainsi qu’une parfaite gestion du temps et de périodes de
production. Il vénère ses morts en leur construisant des tombeaux
collectifs. Peut être croit-il à une autre vie après la mort puisqu’il
inhume ses défunts avec des objets usuels, et de la nourriture. Se livrant à
des échanges commerciaux, il peut se déplacer sur de vastes territoires. Il
fabrique de la poterie, tisse ses vêtements, travaille le bois, l’os et le
cuir, sculpte dans la pierre. Ses connaissances médicales lui permettent de
réduire certaines fractures osseuses. Aussi, devant tous ces faits
sommes-nous bien obligés d’abandonner l’image du méchant sauvage vêtu
de peaux de bêtes que nous ont imposé trop longtemps l’imagerie populaire
et les anciens livres d’école.