Mon école communale
Ancienne école, mairie - IIIe
république
Septembre 1916, vêtu de sa blouse
noire et chaussé de ses galoches cloutées, Francis abordait sa
première rentrée.
« Ah mon premier jour d’école
je m’en souviens, j’avais 6 ans, mon père était à la guerre.
Comme il n’y avait pas de place dans la classe, je suis resté toute
la journée assis sur les marches de l’école des filles, à l’extérieur.
Mais le lendemain, Monsieur Heitzman est venu me chercher et m’a fait
rentrer dans sa classe. »
« La classe était décorée
avec des cartes de géographie et d’autres choses. Un gros poêle à
bois était installé au milieu. On était une trentaine dans la classe
assis sur des tables à deux places. »
« A l’école publique du
bourg, y avait trois sections : la grande avec Mr Janvier comme
maître d’école, Mme Janvier avait la deuxième section et Mr
Heitzman, le directeur, s’occupait des petits. »
« Notre instituteur, il était
impressionnant avec ses grosses moustaches et son air sévère. C’était
un costaud, pour un rien il donnait une punition. Un jour je baillais et
vlan ! me voilà puni. Y nous donnait pas trop de devoir mais
on avait beaucoup de leçons à apprendre.»
« Moi, j’aimais bien l’écriture.
Parfois on faisait des pages d’écriture ’’ronde’’ avec des
plumes larges au bout. C’était beau, même on avait de l’encre
plein les doigts. »
« J’aimais bien écrire et j’écrivais
bien tu sais ! »
« C’était un grand de la
première division qui nous apprenait à compter sur le vieux tableau
sur pieds »
« L’école publique était
réservée aux garçons, y avait bien quelques filles qui allaient dans
une classe derrière l’ancienne poste de la côte du bourg, mais la
plupart allait à l’école privée. »
« Des fois on avait la visite d’un
inspecteur de Rennes. Alors Mr Heitzman nous faisait des
recommandations. Quand l’inspecteur rentrait dans la classe, tout le
monde se levait et restait silencieux jusqu'à ce que le maître dise de
s’asseoir. »
« Avec les copains, on jouait
aux canettes (billes) et à chat, sous la surveillance de Mr Janvier.
Oh, des fois y avait quelques petites bagarres dans les cabinets, mais
Mr Janvier veillait. »
« Durant toutes ces années, je
suis toujours resté assis près de Louis, même lorsqu’on allait au
catéchisme chez Léontine. »
« A l’école, on y allait tous
les jours, sauf le jeudi. On commençait à 8 h au soleil (heure
solaire) jusqu'à midi. Et l’après-midi on reprenait de 1h à 4 h. Le
matin on passait prendre Louis. Même qu’un jour où il avait gelé
sur la neige, j’ai pris un sacré valdingue en arrivant chez lui.
Comme chacun venait de tous les coins de la commune, le midi on restait
dans le bourg. Certains mangeaient dans des familles, d’autres dans
les cafés. Ils amenaient leurs repas le matin. Nous on allait chez
Léontine. Après le repas on restait à faire des glissades sur la
pente du roquet de l’église. Mais la mère n’aimait pas ça car on
abîmait nos culottes. »
«Après l’école, on rentrait par
les chemins pas toujours très propres. Dame y avait pas de route
goudronnée ni trottoir. Certains s’amusaient en route. Pierre qui
habitait de l’autre côté du chemin de fer s’amusait à mettre des
sous sur les rails pour voir comment ils étaient déformés par le
passage du train. D’autres allaient aider Julia à faire ses
devoirs. »
« Ah, je me souviens qu’un
moment Monsieur le curé voulait qu’on passe à l’église pour faire
nos prières avant d’aller à l’école. Fallait partir tôt le
matin ! »
« Et puis à la fin de l’année,
on avait des prix, enfin pour ceux qu’avaient bien travaillé. C’était
des grands livres rouges avec de belles couvertures en carton et des
illustrations à l’intérieur. Mais ça, ça n’a pas duré très
longtemps. »
« Quand la journée était
finie, ma mère recloutait les semelles de nos ’’choques’’. Il
ne fallait surtout pas les fendre nos semelles de bois »
L.O.L.