Les médecines anciennes à Betton

Aussi loin que les recherches archéologiques le permettent, on sait que dès la préhistoire ancienne, l’homme, confronté à la maladie ou à des blessures a cherché dans la nature les moyens de sa guérison.

Après les chamans et les guérisseurs qui officiaient jusqu’au début de l’ère chrétienne, les romains imposant un modèle de société structurée en classes professionnelles et sociales imposaient aux populations la présence d’un médecin. Ayant satisfait à une réelle formation, par son statut ce dernier était autorisé à délivrer des ordonnances validées par un cachet de cire reconnaissable à son caducée.

Durant la longue période médiévale, la médecine ayant perdu la plupart de ses repères, les médiocres se vont limiter à des pratiques empiriques comme la saignée, le lavement et quelques décoctions aux vertus incertaines. Pourtant la très ancienne et prestigieuse école de médecine de Montpellier continue à former une élite doctorale qui reste au service des ’’Grands’’.

Dans les campagnes on s’adapte.

A la veille de la Révolution, Betton bénéficie de la science d’un chirurgien reconnu par ses pairs. Il s’agit de Louis Ertaud. Pour compléter son savoir et lutter contre les maux de ce temps, il dispose de boites de remèdes. Connues sous le nom des ’’boètes du Roy’’, on y trouve du riz, de la râpure de corne de cerf, de la racine de consoude, du laudanum liquide, du catholicum double, de l’huile d’amande douce, du sirop de coing, de l’orge moulé, de la réglisse, de l’huile d’olive, de la graine de lin et de l’épicéa.

Tous ces ingrédients broyés au mortier à main et dosés selon des mélanges et de savants dosages suffisaient à guérir la population.

A cela, il faut ajouter les secrets des guérisseurs et des rebouteux. Si certaines de leurs prescriptions sont assurément sans danger, elles peuvent parfois être bonnes, comme par exemple l’utilisation des cataplasmes d’ortie. Mais que dire de ces préparations à base d’excréments et de mollusques écrasés ? Sinon que le remède pouvait être parfois plus dévastateur que le mal.

Il y avait également le recours à la prière qui redonnait foi en la guérison.

Et puis venaient les bons remèdes, ceux qui en plus de soigner offrent un certain plaisir. L’eau de vie, le cidre, le vin, chauds ou froids, additionnés de cannelle, de clous de girofle ou d’un jaune d’œuf, on les prenait sous le nom de grog, flip, taupette, lait de poule, etc… Le tabac était fréquemment utilisé sous forme de ’’prise’’ pour combattre une sinusite ou un rhume persistant. C’est lui encore qu’on tassait au fond d’une carie dentaire pour ’’tuer’’ le nerf.

Lorsqu’une blessure due à un outil coupant survenait, le laboureur urinait sur la plaie pour la désinfecter et la fermait parfois avec une poignée de terre argileuse tenue par une charpie.

En ces temps, les plus solides, les plus forts ou les plus chanceux s’en sortaient. Pour les autres leur sort était celui voulu par le destin.

Sur les chemins de la mémoire - Betton
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Dernière mise à jour : 19 mai 2003