Alors qu’une réflexion est entamée par la municipalité,
pour décider si la transcription bretonne de Betton viendra s’ajouter sur les
panneaux d’entrée de l’agglomération, il apparaît utile de rappeler les
origines du nom de notre commune.
Les recherches menées depuis plusieurs années par l’association
les Chemins de la Mémoire, permettent aujourd’hui une vision assez précise
sur l’origine et les évolutions qui ont abouti au nom actuel : BETTON.
Si pour les périodes les plus anciennes, la prudence du
chercheur doit l’inciter à une analyse et à une présentation objectives des
données, ce dernier peut tout au plus émettre une hypothèse ou proposer des
interprétations possibles. Par contre, lorsque les investigations mettent en
lumière des documents écrits et datés, alors ces données avérées et
contrôlées suffisent à garantir l’affirmation.
Aussi loin que remonte les recherches de cette association,
il apparaît aujourd’hui qu’à l’origine ce secteur occupé depuis le
Néolithique (- 5 000 ans avant J.C. les fouilles archéologiques
actuelles de la Busnelais l’attestent) s’organise progressivement en
domaines fonciers indépendants jusqu’à la période gallo-romaine. Pour toute
cette séquence on ne connaît pas d’agglomération donc pas de nom. C’est
seulement à partir du IV° siècle qu’une unité de mercenaires Lètes
passée au service des armées romaines vient prendre position sur le rocher qui
surplombe la rivière. Son chef, un certain BETTO, aménage une petite enceinte
fortifiée sur laquelle ne tardera pas à venir se greffer un lieu de culte
chrétien. Alors seulement s’installe un lieu de pouvoir dont l’appellation
pourrait s’inspirer du nom du chef de guerre : Betto ou Betho.
Cette unité militaire pourrait avoir été détachée des
’’Limes’’ du Nord-est (frontières de l’Empire Romain) pour tenter de
contrôler les premiers soulèvements paysans connus sous le nom de Bagaudes.
Plus tard, en 1138, une charte de l’abbaye de St Melaine
mentionne la paroisse en ces termes ’’Ecclesiam Monasterium Bettonis’’.
Bien que latinisé, le document nous apprend le nom du monastère placé sur le
promontoire rocheux : Betonis, que l’on peut traduire par Beton ou Betone
en Français ancien ou en Francien. Il faut savoir qu’à partir de 1180,
Philippe Auguste favorisera l’installation du Francien dans les territoires
sous sa dépendance.
Par la suite, l’appellation de cette paroisse n’a pas
évolué phonétiquement. Tout au plus verra-t-on à certain moment le nom
perdre ou reprendre un T.
Malgré une grande volonté de changement, la Révolution ne
modifiera pas ce nom. Betton restera dans les annales du temps.
Alors, doit-on, pour satisfaire à un phénomène de mode
aller au devant d’un vocable breton au risque d’égarer la transmission du
savoir ? Doit-on intégrer du Breton dans un lieu géographique où il n’a
jamais été pratiqué ? Avons-nous le droit d’adapter, de modifier l’histoire
que nous avons à transmettre aux générations futures ?
Nous souhaitons par cette information ouvrir une réflexion
déjà entamée à huis clos par quelques uns.