Alors que les peuples de nos régions ouest s’initient
à l’agriculture et au polissage de leur outillage de pierre, vers 4
000 ans avant notre ère, la Chine organise des services de messagerie
sur son vaste territoire. Si l’on en croit Hérodote, c’est vers
-600 ans avant J.C. que Cyrus , structurant son royaume de Perse, dote
ce territoire du premier service postal. Dans notre monde occidental, il
faut attendre l’avènement d’Auguste (-27 avant J.C.) pour que l’Empire
Romain mette en place un système de portage de messagerie. Utilisant
les relais militaires disséminés le long des voies romaines, des
coureurs et cavaliers acheminent documents et messages officiels ou
militaires.
Déstructurant la trop parfaite organisation romaine,
les bagaudes (révoltes paysannes de la fin du IIIième
siècle) viennent interrompre les relations entre les Cités. Oubliant
les bienfaits d’une société organisée, l’Armorique perd l’usage
du service postal. La nuisance ne se fait sentir que pour les classes
dirigeantes. Le petit peuple maintenu à l’écart de ce service n’est
pas gêné par cet abandon. Les circuits de l’information retrouvent
alors les chemins ancestraux. Celle-ci se propage au rythme de la
progression des colporteurs, des artisans itinérants et des voyageurs.
C’est seulement au VIII ième siècle que Charlemagne,
promoteur de la culture et des arts, commence à réorganiser la Poste.
Quelques autres tentatives timides interviennent
durant tout le Moyen Age pour restaurer et maintenir un système de
communication. Les Universités de Paris utilisent des ’’messagers
volants’’ pour permettre aux potaches de correspondre avec leur
famille. Des corporations tentent de tisser en leur sein un lien
épistolaire. Seuls les établissements monastiques paraissent avoir
développé un véritable service de courrier entre les abbayes. Dans ce
monde ecclésiastique, le Rotula, parchemin roulé rédigé en
latin, assure la liaison entre les centres religieux. Si durant une
grande partie de cette période la plupart des réseaux de messagerie
des villes restent occasionnels, ils deviennent permanents et
institutionnels à partir du XIV ième siècle.
En créant en 1479 la charge de Contrôleur des
Chevaucheurs de l’Ecurie du Roy, Robert de Paon lance les bases d’un
Service Royal de la Poste. Bien que Louis XI s’accapare ce service,
les messageries parallèles, organisées par corporations, continuent à
fonctionner. Avec la nomination d’un Surintendant Général des Postes
et la mise en place de relais, le pouvoir organise le territoire selon
un maillage centralisé sur la capitale.
C’est Henri III qui en 1576 ouvre la Poste royale
aux particuliers. Est-ce pour remplir les caisses du royaume ou pour
mieux contrôler l’information ? Il semble bien que les deux
préoccupations président à l’extension de cette institution. Par la
suite, Louis XIII et Richelieu s’appliquent à développer le réseau.
En 1627 Pierre d’Almeras institue le système du tarif postal. Mais il
faut attendre encore trois années pour qu’enfin l’Administration
des Postes aboutisse à sa restructuration. Sous le direction du
Surintendant, la nouvelle hiérarchie va s’étoffer de Maîtres des
Postes, de Maîtres des Courriers, de courriers et de commis.
Déposées chez des commerçants, les premières
boîtes aux lettres apparaissent en 1760. Cette initiative de Piaron de
Chamousset s’inspire de la Petite Poste créée en 1653.
Lorsque se trouve déposée la monarchie, le pouvoir
révolutionnaire entreprend la réorganisation du territoire et des
institutions, la Poste devient une Administration d’Etat au service du
public. Soucieuse de parer au plus pressé, la Constituante ne modifie
pas fondamentalement l’organisation qu’elle découvre. Mais par la
suite, la Convention pose les bases d’une administration moderne. Dès
lors les agents sont recrutés et nommés par l’Etat. La direction de
ce grand Service est confiée à un Conseil d’Administration. En 1801,
un arrêté attribue définitivement le monopole du transport des
lettres à l’Etat. A partir de 1828, les correspondances sont
frappées d’un cachet à date de départ et d’arrivée. Ainsi,
chacun peut apprécier la célérité des services postaux. Au cours de
l’année suivante, par la loi du 3-10 Juin 1829, chaque commune se
dote d’une Poste. Puis la loi du 21 avril 1832 impose la distribution
quotidienne du courrier.
A la Chambre des Députés, on n’en finit pas de s’inquiète
de la grande disparité des tarifs de messagerie. Monsieur Passy, alors
ministre des Finances, ne veut rien bousculer. Il observe l’expérience
anglaise. En effet, nos voisins réorganisent leur système de
tarification. Rowland Hill propose un affranchissement à 1 penny. Ici,
il faut attendre jusque 1848 pour que le Directeur Général des Postes,
Etienne Arago, obtiennent la réforme des tarifs et la création du
timbre-poste.
La première vignette à voir le jour est un Cères
noir à 20 centimes pour les plis inférieurs à 7,50 g. Ce timbre est
fabriqué à l’Hôtel des Monnaies de Paris. Par la suite bien d’autres
suivront. Depuis le 1 janvier 1849, témoins imagés de l’évolution
et des événements, 3100 timbres différents racontent l’histoire des
temps modernes.
L’oblitération
Dès lors que les vignettes noires, bleues et rouges
arrivent dans les bureaux de la Poste, les utilisateurs n’ont d’autre
choix que de coller cette taxe sur leur enveloppe et de faire confiance
au service en charge de la messagerie. Mais pour éviter la
réutilisation du timbre, il fallait prévoir un cachet d’oblitération.
Le premier se présente sous la forme d’une grille losangique de 21x23
mm. Il compte 36 losanges. A partir du 1er janvier 1849, deux
cachets entrent en service. Par la suite, un cachet à date vient
compléter la grille losangique. Suivant sa propre évolution, ce cachet
devient circulaire. Il est codé par des numéros de type (type 15, type
17, etc...) Très vite on lui introduit le numéro de la levée. Puis
arrive la nomenclature du bureau de Poste. Rennes reçoit le n° 2650.
Plus tard, la grille à 8 points avec rectangle central apparaît. Elle
est connue comme le ’’losange à petits chiffres’’.
Lorsque de 3704 bureaux, la Poste passe à 4494, il
devient nécessaire de revoir la grille initiale. Rennes devient le n°
3112. Le cachet d’oblitération doit s’adapter. On invente alors le
’’losange oblitérant à gros chiffres’’. Cette multiplication
de bureaux implique une redistribution des cachets vers les bureaux au
numéro correspondant. Ainsi voit-on arriver à Rennes le cachet à
petits chiffres de Saint Hilaire de Saintonge du département de
Charente Inférieure aujourd’hui devenue Maritime.
Les moyens et modes de transport du courrier
Evoluant avec le temps et la technologie, les modes
et moyens de transport du courrier représentent à eux seuls une
passionnante histoire.
Si les premières missives se transmettent au rythme
des coureurs ou des cavaliers, par la suite, la malle-poste joue un
rôle très important dans l’histoire de l’acheminement du courrier.
Et pourtant, tout ne va pas pour le mieux. Durant tout le XVIIIième
siècle, le service postal est l’objet de conflits permanents qui
opposent les Messageries Royales aux loueurs de chevaux. Par ailleurs,
la vétusté du réseau routier breton complique fortement les courses
des malles postales. L’obligation faite à tous les usagers des axes
de communication de céder le passage aux voitures des messageries est
vécue comme une vexation. De nombreuses algarades éclatent entre les
postillons, les rouliers et autres voyageurs. Ce climat tendu, qui
engendre une certaine démotivation chez les postillons et les valets de
postes, est souvent à l’origine de pertes ou vols de courrier.
Malgré ce contexte difficile, la messagerie reste assurée.
Mais lorsque les événements se mêlent de
compliquer les situations alors la Poste fait preuve d’une formidable
capacité d’adaptation. Ainsi durant les 136 jours du siège de Paris
en 1870, le service postal met en œuvre tous les moyens pour rompre l’isolement.
Les échanges de plis et d’informations empruntent les chemins les
plus inattendus. Pour transmettre le courrier , on fait appel à des
passeurs qui prenant les plus grands risques se faufilent entre les
lignes des assiégeants pour assurer la liaison. On utilise également
les ballons montés, les pigeons et les valises diplomatiques. Mais la
plus originale des inventions est sans conteste celle de la boule
fluviale. Connue sous l’appellation de la boule de Moulins, nom de la
localité de l’Allier, cette boule creuse munie d’ailettes est
bourrée de courrier. Jetée dans la Seine, elle doit être portée par
le courant du fleuve jusqu’au cœur de la capitale. Des filets tendus
se chargent de la récupération. Bien que l’idée paraisse bonne,
aucune de ces boules n’arrive à destination. La plupart d’entre
elles restent piégées dans les berges du fleuve.
Plus fiable, dès qu’il a démontré l’étendu de
ces capacités, l’avion devient un formidable moyen de transport du
courrier. Très vite on pense à créer un réseau aéropostal. La
première liaison aérienne de nuit s’établit le 10 mai 1939 entre
Paris-Bordeaux-Paris-Pau. Interrompue le 2 septembre par la guerre, elle
ne reprend que le 26 octobre 1945. A partir de ce moment, va s’écrire
la formidable épopée de l’aéropostale. Mais ceci est une autre
histoire.
La Poste à Betton
Pour répondre à une décision en date du 1er
septembre 1826 visant à créer une ligne régulière Rennes/Avranches,
vingt jour plus tard, le Sieur Ollivier de Rennes s’engage à mettre
en service une voiture accessible aux voyageurs. Son circuit passant à
Antrain dessert un certain nombre des Bourgs rencontrés. Betton est de
ceux-là. A la couleur jaune imposée par le service des Postes, la
malle pouvant accueillir six passagers est frappée du sigle Services
des Maîtres des Postes. Rennes/Avranches. Rennes/Cotentin. La
fréquence de son passage est assurée tous les deux jours.
Le 13 mars 1847, le Sieur Frégard, tonnelier au Pont
Saint Martin à Rennes est à son tour autorisé à mettre en service
une voiture à quatre roues pour transporter voyageurs et courrier de
Rennes à Sens.
En 1851, C’est au tour de Léon Ramé de formuler
une demande visant à assurer le trajet Saint Lô par Saint James et
Avranches. A cette occasion une commission technique définit et
contrôle la solidité et la capacité du véhicule hippomobile.
Tous ces services desservent Betton lors de leurs
passages. A partir de 1864, le train venant compléter ces liaisons
assure l’essentiel du service courrier. C’est alors que le besoin d’un
facteur boîtier (bouettier) se fait sentir sur la commune. Suivant l’avis
du Conseil Municipal, le 19 novembre 1865, le maire en fait la demande
au Directeur des Postes. Ce facteur boîtier est chargé de prendre le
courrier lors du passage du train pour le distribuer dans la commune.
A partir de 1880, les bettonnais vont voir
apparaître les boîtes aux lettres système Thierry. Caractérisées
par une porte sur laquelle s’affichent le n° de la levée, son heure
et quelques autres informations, elles sont placées en des lieux
stratégiques. L’une d’elles est fixée dans la gare ferroviaire.
Soucieux d’améliorer la distribution du courrier, en 1873, Mr de
Torquat, le maire, demande à l’Administration des Postes un facteur
boîtier résidant à Betton. Cette demande non satisfaite est
renouvelée jusqu’en 1882. Sillonnant la campagne, le facteur
entretient le lien communautaire. Au delà de son rôle distributeur, il
est intervient parfois auprès de certains destinataires pour les
accompagner dans le déchiffrement de leurs missives.
Trop engagée dans les dépenses de consolidation du
soutènement de l’église et de l’extension de l’école des
garçons, en 1887, la Municipalité ne saisit pas l’opportunité d’une
proposition visant à créer un bureau auxiliaire. Il faut alors
attendre 1892 pour qu’un local soit affecté à cette fonction. Situé
dans la cote de l’ancienne rue menant au centre bourg, ce bureau
assure le service jusqu'à la construction du complexe administratif
municipal que l’on connaît aujourd’hui.
Bibliographie
Duval M. La Poste aux chevaux au XVIII ième siècle. Mémoire de
Bretagne. Société d’Histoire et d’Archéologie . Tome LXII 1985
Le Quid 1998
San Gérotéo F. et Bernardas C. Histoire postale de la capitale de
la Bretagne Editions Herbinet 1979
Mondial du Timbre. Catalogue d’exposition Philexfrance 1999
Les documents et informations qui ont permis la rédaction de ce bref
rappel historique ont été aimablement fournis par Mme
Cobigo F. Chargée de Communication à la Poste. Et pour cela devons
nous la remercier.