1914 - 1918

BETTON, un bourg dans la Grande Guerre

 

Dans l’intense chaleur de cet été 1914, la campagne bettonnaise s’active. Comme dans tout le monde rural, les préoccupations sont locales. On coupe, on brasse les gerbes et on charge les récoltes. Tout en spéculant sur le prix du grain, on organise les battages. Et déjà, on se réjouit des fêtes qui ne manqueront pas de suivre. C’est également cette année là que l’on essaie les premières batteuses venues d’Amérique. La moisson apparaît prometteuse. Accaparé par une tâche harassante, le milieu agricole ne s’inquiète pas trop des bruits de bottes qui martèlent l’Europe centrale. Si l’assassinat de Jean Jaures a déstabilisé le microcosme politique et syndical, il ne modifie en rien les rites ancestraux.

Dans notre Bretagne péninsulaire, excentrée du vieux continent, l’attentat de Sarajévo est apparu comme une anecdote dont seuls les politiques et les militaires mesurent les conséquences.

Ainsi, ce n’est pas sans surprise que le 1 août, vers 17h30 les bettonnais entendent les cloches sonner le tocsin. C’est la guerre. Lorsque le tambour du garde champêtre annonce l’ordre de mobilisation générale, c’est d’abord l’incrédulité. Puis aussi vivement qu’une traînée de poudre la nouvelle atteint les hameaux les plus éloignés. On se précipite au bourg pour voir et lire l’affiche placardée place du vieux marché sur une maison en face de l’église. Passé l’étonnement, c’est l’inquiétude et la consternation qui atteignent toute la population. Si certains ne veulent pas y croire, c’est pour refuser une douloureuse réalité. Et puis la résignation s’installe. Retournant finir le travail un temps abandonné, chacun, dans le cadre familial tente d’organiser la maisonnée et les taches à venir. Le lendemain, aux trois messes empreintes d’une grande émotion, recteur et vicaires donnent conseils et assistance à tous ceux qui doivent quitter leur famille. Des médailles miraculeuses sont distribuées à l’issue de la cérémonie religieuse.

Pendant ce temps là, à Rennes et dans quelques autres villes, la bourgeoisie nationaliste manifeste sa satisfaction à l’occasion des défilés militaires du 1er Août. Si quelques hommes du peuple se joignent à eux, c’est sans doute pour se convaincre d’un conflit rapide. Leur béate confiance en l’Armée Française suffit à les nourrir de l’assurance d’une victoire expéditive. Les femmes, plus réalistes, tentent de s’accommoder d’un avenir d’incertitudes et de responsabilités.

La réussite de la mobilisation générale est présentée comme une première victoire. Le 6 Août, le journal Ouest-Eclair relate dans ses colonnes le départ du 41 ième R.I.. Le moral d’une troupe peu aguerrie, convaincue de victoires glorieuses marchant vers les champs de batailles ne répond pas réellement aux descriptions martiales données à cette époque. En fait, ils ne sont pas les plus nombreux ceux qui défilent la fleur au fusil et le sourire aux lèvres. Les campagnes se vident. Avec les hommes s’en vont les chevaux. Les femmes, les filles, les enfants et les anciens devront suppléer à l’absence des bras et des bêtes. Malgré quelques difficultés à s’en convaincre, chacun se rassure : « ça ne sera pas long. »

Mais lorsque l’automne 1914 arrive, l’illusion s’est envolée. La guerre sera longue. Elle sera très longue et meurtrière.

Les ponctions dans la population ont été d’une telle ampleur que chaque famille est concernée. C’est un père, un mari, un fils ou un frère qui est parti là-bas très loin dans l’Est. Pour beaucoup de ces jeunes hommes qui n’avaient jamais quitté le territoire communal, cette migration guerrière prend l’allure d’un périple de l’extraordinaire. Une liste dressée en 1919 fait état des hommes mobilisés résidants à Betton. Sur 243 noms recensés, 145 sont originaires de la commune. Les autres y sont arrivés par mariage ou pour des raisons professionnelles. Ce document confirme l’ampleur du prélèvement effectué parmi la population masculine. Jeunes et moins jeunes, sont touchés par la mobilisation générale. Henri Buis, qui trouve la mort le 25 août 1914 à Merville dans le Meuse, vient d’atteindre ses dix huit ans. Lorsque Thomassin René décède de ses blessures en 1915, il a quarante sept ans. Certains des plus âgés qui avaient été mobilisés dans les premières heures seront libérés assez vite. Epuisés par une guerre de positions qui n’en finit pas, en 1918, les belligérants jettent leurs dernières réserves dans la bataille. Affublés du sobriquet des ’’Marie-Louise’’, de jeunes recrues, tout juste âgées de leur dix-huit ans, partent vers les zones de combats. Pour une communauté de l’ordre deux mille âmes, c’est près d’un huitième de celle-ci qui va quitter la commune. L’observation des tranches d’âge révélées par la liste permet d’évaluer à ¾ d’entre eux les chefs de famille mobilisés.

Les hommes soustraits à Betton vont se trouver incorporés en masse dans des régiments d’infanterie. Quelques-uns rejoindront des unités du Génie ou de l’Artillerie. Plus rares seront ceux dirigés vers des sections d’infirmiers militaires. Mais tous seront en prise directe avec les événements.

Alors pour les familles, ballottées entre l’espérance heureuse d’une lettre et l’angoisse de la mauvaise nouvelle , l’insoutenable attente s’installe. Puis viendront les premiers avis de décès, accompagnés de la mention ’’Mort pour la France’’. Mais en l’absence des dépouilles restées là-bas, le rituel funéraire se réduit au minimum. Malgré un profond ancrage dans les esprits et les coutumes, la mort devient quelque chose de mal défini, parfois mêlé à un espoir irrationnel. Alors l’attente, la longue attente reprend. Elle ne cessera qu’au printemps 1919 pour certains et parfois tristement plus tôt pour les autres. Les familles restées au pays ne peuvent imaginer l’enfer des champs de batailles. Les nouvelles sont rares et laconiques. Afin de maintenir le moral de ’’l’arrière’’, le gouvernement et les autorités militaires d’alors contrôlent la presse et filtrent le courrier. Ne voulant pas inquiéter les siens restés au pays, le soldat parle très peu de la vie au front.

Si le respect et la discrétion interdisent de reproduire intégralement ici la lettre d’un bettonnais écrite à sa jeune femme Marie, dans ce document daté du lundi 14 Septembre 1914, on y lit beaucoup d’amour pour les siens. Au travers toutes les lignes, on découvre un père plus soucieux de ses quatre enfants (Louisette, Joseph, Geneviève et Marie-Ange) que de son propre sort. « Chère famille qu’il sera doux d’être réuni... ». Ses incertitudes et ses craintes disparaissent derrière un abandon religieux. Aucune allusion n’est faite aux conditions qui sont les siennes. L’inébranlable foi affirmé dans le texte ne peut justifier à elle seule les silences sur la chose militaire. Un seul passage signale la rencontre de ’’pays’’ sur le front. Il nous apprend entre autre que les deux frères Juet ’’doivent être blessés un peu aux jambes... ’’ plus loin, parlant d’un ecclésiastique proche, il raconte : « L’abbé m’a écrit une jolie lettre, il est si aimable. Je crains bien qu’il ne soit accepté bientôt, pour soigner les blessés, car on ne fait pas des omelettes sans casser des œufs ». Bien que cette métaphore hélas trop réaliste ne suffise pas à décrire la réalité des combats, on y devine un certain fatalisme.

Sur un carnet de route, tenu journellement par un soldat de Betton, des passages insoutenables marquent certaines journées d’Août 1914. Arrivant à Soisy aux Bois avec un groupe de ravitaillement, il décrit les scènes suivantes : ’’... il faut vraiment avoir le cœur en place pour ne pas rendre son café, c’est surtout les chevaux qui empestent l’air car je crois que cela fait quatre jours que le combat a eu lieu.... Quant à nos potes, en passant le long de la route, j’ai bien vu une soixantaine des notres tués, quel spectacle vraiment terrifiant que ces hommes frappés en pleine vie et cherchant au moment supérieur du coup fatal, à se rattraper à la vie. Les uns tiennent une poignée d’herbe dans leur main crispée, un autre tient son mouchoir pour épancher sa blessure et presque tous les yeux grands ouverts, la bouche ouverte... J’ai remarqué aussi un allemand paraissant au plus dix huit ans, adossé dans le fond d’un fossé de la route au talus voisin qui tenait sa chemise relevée et la tête baissée pour regarder ses blessures, trois balles avaient troué sa poitrine... Je n’ai pu prendre aucun repas de la journée, l’odeur me revenant toujours en me forçant presque à vomir...’’. C’est par la lecture de ce document découvert bien après la guerre que les descendants de cet artilleur apprendront les réalités quotidiennes d’un soldat.

Sur tous les champs de bataille, Betton laissera un ou plusieurs des siens. De la Meuse au Pas de Calais (Verdun, Chalande, Couray, Roclincourt, etc...) des familles, connues ou anonymes marqueront cette terre du sang des leurs. Certains trouveront la mort en Belgique (Auvalais, Boesinghe, Vitton). D’autres encore un temps épargnés, agoniseront dans les hôpitaux militaires (Gueux, Bar le Duc). Trois d’entre-eux, rapatriés, s’éteindront à l’hôpital militaire de Rennes.

Parmi ceux qui ne reviendront pas, deux ont moins de 20 ans ; Trente quatre se situent entre 20 et 30 ans ; Vingt deux entrent dans la tranche d’âge des 30-40 ans et cinq dépasse la quarantaine.

Rares seront les soldats morts dont le corps reviendra au pays. Parmi ceux-là, on peut citer Pierre Lorandel de la Levée. Décédé des suites de ses blessures à l’hôpital de Sancerre, sa dépouille fut rapatriée le 3 décembre 1917.

Très vite, pour participer à l’effort de guerre, le monde rural est mis à contribution. Les réquisitions de fourrage et de blé, l’enrôlement des forgerons, des charrons, des bourreliers et autres métiers nécessaires à l’intendance d’une armée en ordre de marche, saignent littéralement les campagnes. Pour cette agriculture non mécanisée, les quelques permissions accordées aux mobilisés ne suffisent pas à réduire le poids d’un travail abandonné aux populations restantes. Les rares prisonniers de guerre allemands ne parviennent pas à suppléer aux bras manquants. Les rendements s’en ressentent. On voit même les enfants de l’école publique, accompagnés de leur maître, participer au ramassage des pommes dans les fermes autour du bourg. Bien vite, le rationnement apparaît. Le sucre, le sel, le tabac, le pétrole, etc... sont distribués avec parcimonie. Comme le reste de la Bretagne la campagne bettonnaise va vivre en état léthargique. Contrainte, la petite citée doit s’adapter à une économie de guerre. On verra quelques plants de tabac fleurir au fond des jardins potagers. Malgré cela, et pour le bien des populations restantes, le 14 novembre 1915, le Conseil Municipal, sous la présidence de Mr Priour le maire, décide de demander la démobilisation du soldat territorial Day, maréchal-ferrand de son état. L’absence de ce dernier se fait lourdement ressentir dans une population essentiellement tournée vers l’activité rurale. Pourtant cette démarche restera vaine.

 

Francis avait quatre ans au début du conflit. Il se souvient : 

« A cette époque, Betton ne comptait que deux voitures automobiles. Celles du docteur Houé et de M. Sévin le notaire. De toute façon, y avait pas beaucoup d’essence, mais ça ne gênait pas, puisque la plupart se déplacait en vélo à cheval ou à pied. On n’avait pas peur de marcher dans ce temps là. »

« Des nouvelles du front, on en n’avait qu’avec le journal. Après la journée, le soir, ma mère nous lisait les nouvelles. Avec mon frère Eugène, il ne fallait pas bouger. Le voisin qui ne savait pas lire venait toujours écouter les informations. »

« Oh, le rationnement ne gênait pas trop. On avait tout ce qu’il fallait dans le jardin pour se nourrir. Ah ! pour ceux qui fumaient c’était pas pareil quand il allait acheter leur tabac. Ils allaient chez Madame Tardivel. Elle avait une petite boutique juste en haut de l’escalier du bourg. Il y avait de tout chez elle ! A ceux qui voulait du tabac, la mère Tardivel en donnait pour cinq sous, cinq sous seulement. Personne n’avait le droit à plus. Des fois ça ne marchait pas tout seul ! Si bien qu’on l’avait baptisée la mère cinq sous. »

« Pour nous les enfants, la guerre ne changeait pas grand chose. On jouait aux canettes (billes) et on allait à la pêche. Jamais il ne nous venait l’idée de jouer à la guerre. »

 

Lorsque le Maire de la commune est mobilisé, c’est son premier adjoint Maître Sévin qui prend en main le destin de la petite cité. Il voit sa fonction municipale augmentée de tâches multiples et indispensables à la vie de la communauté. Chargé de veiller au bon versement de l’allocation militaire octroyée à la famille des mobilisés, il participe activement aux oeuvres de bienfaisance mises en place pour soutenir ceux du front. Si la démarche la plus pénible est toujours celle d’aller avertir les familles de la mort d’un proche, il est généralement accompagné par un des prêtres de la paroisse. Ces derniers ne ménagent ni leur temps ni leur santé pour assister les familles en deuil ou remonter le moral de ceux aux prises avec cette insoutenable attente.

Dès le début de la guerre, en l’absence d’un mari ou d’un fils, des familles, fuyant l’avancée allemande dans le nord de la France, viennent chercher asile dans nos contrées. Comme les communes voisines, Betton reçoit ceux qu’on appelle ’’les réfugiés’’. Madame Rousseau de Cambrai s’installe au bourg. La Vallée héberge madame Trinel et ses cinq enfants. Arrivée de Lens (59) avec ses quatre enfants, madame Lepot rejoint également ce lieu. Bien d’autres, comme les Coffiaux, les Broyer, les Petit, les Dhaussy ou les Déblois suivront. Dans la solidarité, on ne compte plus le nombre de ces déracinés qui arrivent. Au hasard des documents administratifs, on apprend que mademoiselle Delagrange Lucienne, venue des environs de Fourmies (59) autorisée à se fixer à Betton, donne naissance le 9/11/1917 à un garçon prénommé Marcel. Oubliant un instant son propre malheur, Betton et les siens accueillent ceux qui n’ont plus rien.

Dans cette séquence de vie mise entre parenthèses et malgré un éloignement des zones de combats, Betton vit sa propre guerre. Déjà à cette époque on craint les attaques aériennes dans l’arrière pays. Plus que d’une aviation au rayon d’action limitée, ce sont les zeppelins qui sont redoutés. Leurs bombardements sur Londres ont frappés les esprits. Le bourg se trouve donc doté d’une batterie de projecteurs placée au centre de l’agglomération. Manoeuvrée par des militaires, elle est installée en face du cimetière, juste derrière le cinéma actuel. Quelques uns gardent encore parmi leurs souvenirs d’enfance l’image de ces longs faisceaux lumineux qui au moindre bruit suspect se mettent à fouiller l’obscurité du ciel.

Durant toute la guerre et les années qui suivront, répondant à une action propagandiste soutenue par le gouvernement d’alors, de nombreux documents viendront rassurer les populations. A travers les journaux, les affiches ou les cartes postales, en exaltant l’esprit patriotique, on s’applique à obtenir un accord consensuel sur l’aventure guerrière. Lorsque parlant des soldats, le quotidien local Ouest-Eclair les décrit comme :’’les braves piou-piou partant défendre leur patrie’’ Ces propos qui, aujourd’hui, peuvent surprendre doivent être replacés dans le contexte de l’époque.

A partir de 1917, les Américains, débarqués à Brest, traversent la Bretagne pour rejoindre le front. Certaines unités passent et parfois s’arrêtent un bref instant sur la commune. Francis se souvient encore de ces premiers soldats noirs. « Ils étaient très grands. Les gens qui voyaient pour la première fois des hommes noirs avaient peur. Avec leurs camions aux pneus pleins, des bandages, ils filaient vers l’Est sur des routes chaotiques. »

Venant rajouter à ce fléau qu’est la guerre, dans le courant 1918, la grippe espagnole qui fait des ravages n’épargne pas Betton. Le docteur Houé s’épuise dans une course contre l’épidémie. Et comme tout va décidément très mal cette année là, c’est un hiver sibérien qui s’abat sur la campagne. Tout est gelé. La neige qui s’est installée durant plusieurs semaines prend la campagne à l’improviste. Les bêtes n’ont plus de fourrage. Le moral est au plus bas, mais il faut survivre. Alors on pense à ceux qui sont là-bas.

Si aucune autre fête que les cérémonies religieuses n’est venu animer de temps à autre une communauté toute accaparée à sa subsistance, dès le retour des derniers survivants au printemps 1919, dans une grande parodie de lynchage, Betton laisse éclater sa joie. Spontanément, un défilé s’organise derrière une charrette portant deux mannequins : celui de Guillaume II accompagné du Kayser. Après les avoir promenés tout l’après-midi dans le bourg, ils finissent sur un bûcher dressé à l’emplacement de la Mairie actuelle. Comme pour exorciser ses peurs, dans la liesse générale, Betton se libère.

Dès leur retour les hommes se mettent au travail. N’abordant que très rarement leurs souvenirs guerriers en famille, ils ne tarissent pas d’anecdotes et de récits lorsqu’ils se retrouvent entre-eux. De cette expérience qu’ils ne peuvent partager avec personnes d’autres que des ’’poilus’’, va se développer une solidarité nécessaire à l’évacuation de leurs propres traumatismes. Ces regroupements spontanés donneront très vite naissance à un mouvement associatif : l’Union des combattants. A Betton, si Lucien Clément est à l’origine de la section locale, son premier président en sera Pierre Ferré de la Plesse. Puis Pierre Lebreton, Joseph Guérin et bien d’autres lui succèderont.

Le 23 avril 1920, une plaque de marbre placée dans l’église est offerte par les paroissiens Elle sera solennellement bénie par Mr Gayet, Vicaire Général. Le même jour, Mr Delahaye directeur du Nouvelliste de Bretagne, invité par l’Union des Combattants fit, devant un auditoire clairsemé sur la place de l’église, un discours sur les leçons à tirer de la Grande Guerre. A cette occasion, il souligne la nécessité pour les survivants de se regrouper et de se soutenir dans le cadre d’une vaste association. Le mouvements des Anciens Combattants était déjà en marche.

Le 6 février 1921, le Conseil Municipal décide la construction d’un monument aux morts. Un budget de 12 000 fr est inscrit pour cette opération. C’est à Mr Savinet, granitier à Saint Aubin du Cormier que revient sa réalisation. Dans sa commande la municipalité souhaite une stèle de granite avec piedestal sur lequel seront inscrits en lettres d’or les noms des habitants de la commune morts pour la France. Un plan accompagne le bon de commande. La pierre commémorative sera placée près de l’église. Lors de la séance du 30 avril suivant, Mr Auffray alors maire, propose aux élus d’entreprendre une démarche auprès du gouvernement pour obtenir quatre obusiers destinés à encadrer la stèle. Elle doit être érigé en Juin de cette même année. Une première réponse du Sous-secrétariat d’Etat à la liquidation des stocks (Ministère des Finances) en date du mois de Mai propose deux mortiers de campagne allemands et quatre obus de 270 ou 280. Si les mortiers seront à prendre au Parc d’artillerie de Vincennes, les munitions neutralisées seront à récupérer dans les ateliers de construction de Rennes (l’Arsenal). Après bien des courriers avec le colonel Florentin commandant le parc de Vincennes, seuls quatre obus de 270 mm seront acquis pour la sommes de 580f. Assemblés par des chaînes, ils viendront matérialiser l’espace réservé au monument alors situé entre l’église et l’école privée. L’inauguration aura lieu le 17 juillet 1921 en présence de Mr Lefoul, du Colonel Moinet représentant le général commandant la place de Rennes, du Curé Doyen de Notre Dame de Rennes et de Mr Brager de la Villemoisan sénateur. A cette occasion le centre bourg, le Parc et le Placis Carel seront magnifiquement décorés. La pierre commémorative qui compte 82 noms doit être complétée par la liste de ceux figurant sur la plaque accrochée dans le mur de l’église paroissiale. A ce triste total de 96 patronymes, il aurait fallu ajouter quelques autres soldats dont le sort et l’identité ne furent connus que bien tardivement.

Dressée depuis plus de soixante ans dans la partie ancienne du centre bourg, la pierre sera transportée en 1984 sur la place de la nouvelle mairie.

Quatre vingt années après cette tragique épopée, que reste-t-il dans les mémoires ? Sinon le sentiment d’un gâchis considérable. Toutes ces vies arrêtées, toutes ces familles déstabilisées, déstructurées pour des causes qui se sont égarées dans les méandre de la mémoire collective. Sans jamais avoir voulu être des héros, par leur courage et leurs souffrances, ils se sont contentés d’être des hommes qui nous guident encore aujourd’hui sur les chemins de l’honneur et de la dignité.

Les Chemins de la Mémoire

Sur les chemins de la mémoire - Betton
http://cheminsdelamemoire.free.fr 

Dernière mise à jour : 19 mai 2003