Impôts et corvées au temps des Seigneurs de Saint
Gilles

Mesure à grain
Le vingt cinquième jour de novembre 1537, messire
Pierre de Saint Gilles, chevalier et seigneur de Betton décédait. Sept
années plus tard, le premier jour de décembre 1544, rédigé par
Charles Depail, Jehan Eleux et Mathurin Houel l’aveu fixant les termes
de la succession était approuvé par ’’Bertrand de Morzelle
seigneur de Margal, Jehan Robinaud, seigneur de la Budoraye et Jehan
Andiger seigneur de la Ricocaye, presens nobles et le grand cordage des
dicts heritaiges’’. Cet aveu confirmait dans ses privilèges et
pour ses rentes le nouveau seigneur de Betton, georges de Saint Gilles.
(Afin que chacun puisse apprécier cet aveu, les
parties présentées en italiques sont des transcriptions intégrales,
parfois suivies d’une traduction utile à la compréhension.)
La lecture de ce document d’une dizaine de pages,
rédigé en un Français largement imprégné de Gallo permet de mesurer
l’étendue des avantages dus à la famille de Saint Gilles. Au fil des
lignes, on constate qu’au delà du manoir de Becton et mestairie
dicelluy courts jardins, vergers, doufves, ozeraye et déports en
plusieurs claus, terre et le fons de la fuye et pressoués (manoir
de Betton et métairies de celui-ci petits jardins, vergers douves,
oseraie et dépendances de plusieurs champs, terres et les murs du
pigeonnier et du pressoir), de nombreuses redevances tombent dans
l’escarcelle du seigneur local.
On ne détaillera pas les boayes et hautes
fustailles et boayes de tailleix (bois
et grands arbres souvent sur des talus et bois de taillis) qui se
trouvent énumérés. Mais, les précisions apportés sur les divers
moulins contrôlés ou propriétés notés sur l’aveu soulignent la
part importante des gains obtenus sur l’activité de ces centres de
production. L’un d’eux est présenté comme ruyneulx et sans
moullange à la moitié des estangs,
(ruineux et sans travail dès que la réserve d’eau est réduite à la
moitié). Deux autres ,cités sur la rivière d’Ille,
travaillaient le drap et le bled (la
toile et le blé)
Par ailleurs, des prises coutumières sur le commerce
du vin et du cidre, ainsi que la cohue foires et marchés du dict
seigneur de Becton sont y debvoir de coustume et estaillage et quatre
foires troys à Becton et une à Mouaize prisées trante souls et pour
ce (la cohue foires et marchés du
seigneur de Betton lui doivent de coutume et de taille pour les quatre
foires, trois à Betton et une à Mouazé trente sols pour cela).
Soumis par le système de vassalité, Guillaume Leduc
seigneur de la Bullenaye (Busnelais),
Eustache Louvel seigneur de la Coustardière pour la Ville Geffroy,
Pierre Louail seigneur du Guerichet et quelques autres étaient
contraints au versement de rentes aux de Saint Gilles.
Pour les familles plus modestes, la contribution
prenait différentes formes :
Marc Julien du Vauchallet ruict souls et quatre
deniers (… du Vau Chalet huit sols
et quatre deniers)
Julien Dumesnil en descharge des enfants Jehanne
Leblet deux souls et les deux parts d’une poulle.
Georges Besnier cinq souls onze deniers maille et
une demye poulle, (cinq sols onze
deniers et une demie poule)
Thomas Robinet et sa femme troys poulles pour ce
au dict terme de Pasques quarante troys oeufs (
trois poules pour cela et au dit terme de Pâques, quarante trois
œufs)
Georges Aleaume et ses enffans sept souls quatre
bouexaul et une corvée
En osant une synthèse de la longue liste on peut
constater que peu échappait à l’impôt. Quelque soit leur niveau
social, par les prises directes ou par les corvées, toutes les familles
contribuaient à entretenir la seigneurie de Betton. Cet état qui
durera jusqu’à la Révolution sera dénoncé par les cahiers de
doléances
Les Chemins de la Mémoire