Guirlandes lumineuses, éclairage public, feux
tricolores, musique d’ambiance, néons d’enseignes, sonnerie du
passage à niveau, dans une débauche de bruit et de lumière
multicolores Betton s’embarque vers le III° millénaire.
Il n’est pourtant pas si loin le temps ou la vie de
notre campagne s’activait au balancement de la lampe à pétrole.
Quelques uns s’en souviennent encore.
Le 29 janvier 1928, sous l’égide du maire J.M.
Auffray, par une délibération du conseil, la municipalité décidait d’électrifier
le bourg. Cette avancée dans les technologies du siècle va pour Betton
se réaliser en deux temps. On commencera par l’électrification de la
partie située à l’ouest de la voie ferrée. Puis ensuite viendra le
moment de s’étendre à l’est de la ligne séparatrice. L’ambition
n’est pas alors de procurer de l’électricité à tout le territoire
de Betton. Le projet raisonnable du conseil limite ce progrès à la
seule agglomération et aux hameaux les plus proches.
Il faudra néanmoins prévoir et négocier des
emplacements pour construire les deux transformateurs. Un sera situé
près du cimetière du bourg, sur le terrain de M. Lenen, l’autre se
dressera près de la gare sur une parcelle appartenant à la famille
Guillotel.
En 1931, quelques extensions permettront de
desservir, la route de Rennes, l’usine d’alcool de bois, ou encore d’alimenter
la Touche ou bien Beauvais. M. Chesnel, sur la route de Melesse
profitera également de la force motrice. Au fil du temps, le réseau
gagnera les points les plus reculés de la commune. Mais il faudra
attendre l’approche des années 1970 pour voir les lampadaires
éclairer le centre bourg.
« Dis-nous Francis quels changements a apporté
l’électricité ? »
« Au début, pas grand chose . Car depuis
longtemps déjà on avait installé un moteur et des batteries ainsi
tout dans la ferme marchait à l’électricité. Mais pour les autres
qui avaient toujours trait leurs vaches et tourné l’écrémeuse à la
main, c’était un vrai changement. Car c’était un travail long et
fatigant ! Dans ces fermes là, on s’éclairait avec des lampes
tempête à pétrole. Même parfois avec des lampes au carbure. Ca
faisait une lumière toute blanche. Après, quand le courant est arrivé
partout, c’était mieux, on n’allait plus puiser l’eau dans la
cour. On ne se cassait plus les reins sur le moulin à grain et surtout
on pouvait écouter la TSF. Le poste marchait tous les soirs, on
écoutait les nouvelles et des chansons. »
Mais les rues du bourg n’étaient pas éclairées
le soir ? »
« Non, mais pourquoi qu’on les aurait
éclairées ? Y avait rien à faire dans le bourg. On ne sortait
pas beaucoup.! Je me souviens que pour aller à la procession du soir de
la mission de 1921 on avait creusé des lisettes (betteraves) dans
lesquelles était plantée une bougie. Ca suffisait. On voyait sa
route. »
«L’église était éclairé par les cierges et
Manuel, le sacristain, il tirait sur les cordes pour faire sonner les
cloches. »
« Mais y en avait qui ne voulait pas de l’électricité.
A la Noé, le poteau était arrivé dans la cour de la ferme et bien les
propriétaires ont refusé d’être raccordé ! Peut-être qu’ils’avaient
peur que ça leur coûte trop cher ?»